La Revue du M.A.U.S.S.
(Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales)

L'Obligation de donner, la découverte sociologique capitale de Marcel Mauss (RdM n° 8)
Vers un revenu minimum inconditionnel (RdM n° 7)
Qu’est-ce que l’utilitarisme ? Une énigme dans l’histoire des idées (RdM n° 6)
À quoi bon (se) sacrifier ? Sacrifice, don et intérêt (RdM n° 5)
À qui se fier ? Confiance, interaction et théorie des jeux (RdM n° 4)
Pour une autre économie (RdM n° 3)
Cheminements politiques (RdM n° 2)
Ce que donner veut dire (RdM n° 1)

L’Obligation de donner
La découverte sociologique capitale de Marcel Mauss
Revue du MAUSS semestrielle n° 8, 2e semestre 199
6
Version papier : 384 p., 29,73 euros
Version numérique (PDF) : 384 p., 15 euros
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ISBN 2-7071-3041-9

     Dans son Essai sur le don (1923-1924), Marcel Mauss, neveu de Durkheim et son successeur à la tête de l'école sociologique française, établissait que dans nombre de sociétés archaïques les échanges s'opèrent sous la forme de cadeaux obligatoirement donnés, acceptés et rendus. Il est aujourd'hui permis de penser que ce qu'il découvrait ainsi, ce n'est rien de moins qu'un universel sociologique et anthropologique capital. De tous, le plus essentiel peut-être. Mais si l'obligation de donner, mutatis mutandis, est bien universelle, est-il une découverte plus importante jamais effectuée par les sciences sociales que celle de Mauss ? Et qui concerne toutes les disciplines. Ne remet-elle pas en cause la portée méthodologique que les économistes attribuent au schématisme de l'homo œconomicus ? Et si M. Mauss a raison lorsqu'il suppose avoir découvert là le « roc » de la morale éternelle, n'est-ce pas de cette découverte que les philosophes devraient au premier chef s'inspirer lorsqu'ils interrogent le bon, le bien et le juste ?
     Or, si Mauss est célèbre, chez les anthropologues notamment, il semble bien que le sens de sa découverte ait été perdu et que sa portée soit très sous-estimée. Les sociologues notamment, qui se réclament de Weber et de Durkheim, ont du mal à mesurer à quel point le neveu est allé au-delà de son oncle et combien l'école sociologique française, si elle s'initie bien avec Durkheim, culmine avec Mauss.
     Synthétisant les recherches menées par la Revue du MAUSS ces dernières années, mettant en perspective le mouvement de redécouverte de M. Mauss qui s'opère aujourd'hui (M. Fournier, M. Godelier, etc.), ce numéro redonne tout son éclat à l'Essai sur le don et renoue les fils d'une tradition de pensée qui s'était peu à peu perdue, au grand détriment des sciences sociales et de la philosophie.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : L. Babès, J.-L Boilleau, A. Caillé, M. Chabal, J. Dewitte, D. Fairchild, P. Fustier, J. Godbout, J.-J. Goux, B. Karsenti, J. Larcebeau, B. Ouedraogo, P Rospabé, I. Silber, C. Tarot, D. Temple, S. Trigano.


Vers un revenu minimum inconditionnel ?
Revue du MAUSS semestrielle n° 7, 1er semestre 1996, 396 p., 195 F.
Version numérique (PDF) : 15 euros
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ISBN 2-7071-2567-9

     Face à l’exclusion et à la montée du chômage, l’idée a été avancée d’allouer à tout citoyen un revenu minimum, sans aucune obligation en contrepartie. Proposition jugée utopique par la plupart des experts. Utopique vraiment ? Un tel don de citoyenneté n’est-il pas pourtant indispensable pour parachever l’aventure démocratique ouverte par la déclaration des droits de l’homme ? Et ne devient-il pas urgent de substituer à la suspicion et à la peur face aux exclus et aux chômeurs un vrai pari de confiance ? Cela n’implique-t-il pas de renoncer aux fictions de contrat sur lesquelles repose l’actuel RMI ? Et, plus encore, de se prémunir à tout prix contre les projets d’instaurer un travail obligatoire (workfare) qui gagnent du terrain un peu partout dans le monde et qui nous ramèneraient en plein XIXe siècle ?
     Bien sûr, ces propositions soulèvent de nombreuses objections, et elles ont donné lieu depuis plusieurs années à un débat de grande ampleur entre philosophes, sociologues et économistes. Ce débat est toutefois resté peu accessible aux non-specialistes : d’où l’intérêt de ce numéro exceptionnel de la Revue du MAUSS, qui donne la parole aux partisans comme aux adversaires d’un revenu minimum inconditionnel. De ce libre débat, il semble se dégager une conclusion, qui n’est pas partagée par tous, mais qui semble néanmoins susceptible d’obtenir un assez large consensus : celle qu’un des seuls moyens de répondre à la crise de la société salariale est peut-être de rendre irrévocable et cumulable l’actuel RMI, renouant ainsi avec son esprit initial, et que cette mesure ne sera efficace que si elle va de pair avec une politique active de partage-redistribution de l’emploi et d’encouragement au développement d’une économie solidaire.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : Jean Alric ; MarkAnspach ; Isabelle Astier ; Guy Aznar ; Jean-Michel Belorgey ; Pierre Bitoun ; Jean-Luc Boilleau, Yoland Bresson ; Alain Caillé ; Robert Castel ; Sandro Cattacin Philippe Chanial ; Bernard Eme ; Chantal Euzéby ; Jean-Marc Ferry ; Bernard Ginisty ; Jean-Marie Harribey ; Ahmet Insel ; Jean-François Laé ; Jean-Louis Laville ; Dominique Méda ; Daniel Mothé ; Numa Murard ; Thomas Paine ; Camille Tarot ; Philippe Van Parijs.


Qu’est-ce que l’utilitarisme ?
Une énigme dans l'histoire des idées
Revue du MAUSS semestrielle n° 6, 2e semestre 1995, 288 p., 160 F, 24,39 euros

Version numérique (PDF) : 10 euros
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ISBN 2-7071-2567-9

     Depuis près de deux siècles, dans les pays de tradition anglo-saxonne, l’utilitarisme a constitué la philosophie morale et juridique de base. À ce titre, il a suscité de nombreux débats. Rien de tel en France où, depuis la grande thèse d’Élie Halévy, La Formation du radicalisme philosophique (1903), l’utilitarisme était oublié et ignoré. Toutefois, depuis quelques années, les philosophes et les chercheurs en sciences sociales relancent le débat sur l’utilitarisme.
     À en croire Halévy et la quasi-totalité des commentateurs de l’époque, le fondateur de l’utilitarisme est Jeremy Bentham (1748-1832) : sa doctrine reposerait sur l’hypothèse que les sujets humains doivent être considérés comme des égoïstes calculateurs et rationnels. Pas du tout, rétorquent nombre d’interprètes contemporains : non seulement J. Bentham ne postule nullement le caractère dominant des motivations égoïstes, mais, en adoptant comme critère du juste et du bien la maximisation du bonheur du plus grand nombre, il plaide au contraire pour l’altruisme. On ne saurait rêver lectures plus diamétralement opposées.
     Ce numéro de La Revue du M.A.U.S.S. semestrielle présente donc les diverses interprétations et suggère deux manières originales, et de surcroît probablement justes, de résoudre l’énigme. Pour la première, loin d’inventer l’utilitarisme, Bentham est celui qui achève une certaine tradition utilitariste vieille de plus de deux mille ans. Pour la seconde, cette tension insoluble entre égoïsme et altruisme est précisément ce qui caractérise l’utilitarisme moderne et post-benthamien amorcé par John Stuart Mill.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : Alain Caillé, Jean-Pierre Dupuy, Jean-Joseph Goux, Serge Latouche, Christian Laval, Jean-Claude Michéa, Jean-Louis Prat, Luc Marie Nodier, Francisco Vergara.


À quoi bon (se) sacrifier
Sacrifice, don et intérêt
Revue du MAUSS semestrielle n° 5, 1er semestre 1995, 320 p., 160 F, 24,39 euros

     Peu de pratiques semblent aussi résolument étrangères à l’esprit de notre temps que celle du sacrifice. Nous entendons bien ne devoir rien sacrifier, ni biens ni personne. Pourtant, dans les pays de la périphérie, n’est-ce pas à un retour des martyrs que nous assistons ? Et les pays riches ne doivent-ils pas leur richesse au fait qu’ils acceptent de sacrifier à tout moment des pans entiers de leur économie ?
     Ces remarques indiquent assez que la loi de l’intérêt n’est pas univoque. L’utilitarisme normatif, en nous enjoignant de prendre comme critère de justice le plus grand bonheur du plus grand nombre, nous enferme dans un paradoxe : nous devons à la fois maximiser notre bonheur particulier, mais également être prêt à le sacrifier au bonheur des autres. Il y a donc du sacrifice dans l’utilitarisme et dans l’intérêt. Mais qu’y a-t-il dans le sacrifice lui-même ?
     Après avoir repéré la place du sacrifice aujourd’hui, le présent numéro entreprend de renouer avec l’interrogation anthropologique du sacrifice — en passant aussi par une discussion des analyses inspirées de René Girard — pour mieux cerner les liens qu’il entretient avec le don et l’intérêt. Il débouche ainsi sur la formulation de deux hypothèses peu orthodoxes : 1. Au lieu de mesurer le don à l’aune du sacrifice, il convient de penser le sacrifice comme une transformation, voire une déviation du don. 2. Loin de se situer aux antipodes de l’intérêt et de l’utilitaire, le rituel sacrificiel incarne la première esquisse de la logique utilitariste.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : D. Le Breton, J. -P. Dupuy, O. Herrenschmidt, S. Crochet, G. Berthoud, G. Nicolas, L. Moreau de Bellaing, D. Le Breton, P Jorion, Ph. Rospabé, L. Scubla, M. Asnpach, A. Caillé, E. B. Tylor


À qui se fier ?
Confiance, interaction et théorie des jeux
Revue du MAUSS semestrielle n° 4, 2e semestre 1994, 320 p., 160 F, 24,39 euros

     Sans un minimum de confiance en autrui, les actes en apparence les plus simples et les plus anodins de la vie quotidienne se révèleraient vite impossibles. La question de la confiance apparaît ainsi cruciale pour les sciences sociales. Il leur faut répondre à la question de savoir à qui se fier, comment et pourquoi ? Surtout lorsque, rompant avec l’individualisme méthodologique simple ou avec le holisme, elles tentent d’adopter un questionnement interactionniste, qui fait place à la possibilité du mensonge et de la tromperie. L’outil privilégié de l’interactionnisme a été jusqu’alors la théorie des jeux. Or, pour celle-ci, le basculement dans la confiance apparaît logiquement impossible à des « égoïstes rationnels ». Il en résulte qu’on ne saurait faire confiance à la théorie des jeux pour analyser la confiance et l’interaction. Et qu’il nous faut tenter de penser une logique du raisonnable qui ne soit pas nécessairement « rationnelle ».

AVEC LES CONTRIBUTIONS DE : A. Orléan, J.-M. Servet, J.-P. Terrail, E. Nemo, L. Cordonnier, M. Lallement, S. Latouche, A. Xavier de Brito, A. -M. Fixot, L. Louca, J. T. Godbout, A. Caillé, P. Genestier, P Combemale, D. Céfaï, A. Caillé, : E Muller, J. -M. Besnier, É. Dumont.


Pour une autre économie
Revue du MAUSS semestrielle n° 3, 1er semestre 1994, 286 p., 165 F, 25,15 euros,
Version papier : 28,20 euros
Version numérique (e-book au format PDF) : 10 euros

     Le titre de cet ouvrage collectif est à dessein ambivalent : pour ses auteurs, c’est aussi bien le système économique que la manière de l’analyser qui doivent être changés. Dans cette période troublée, où s’évanouit le rêve de l’emploi à plein temps pour tous durant toute la vie, et où les économies nationales tendent à se dissoudre sous le choc de la mondialisation, il devient urgent de repenser l’économie. Et plus précisément de repenser conjointement la théorie économique et les politiques économiques.
     C’est ce programme qu’exposent avec rigueur les auteurs — principalement français et américains — de ce livre qui constitue le n° 3 de La Revue semestrielle du MAUSS. Pour eux, les causes profondes de l’incapacité croissante des modèles économiques, pourtant de plus en plus sophistiqués, à rendre compte du réel, sont à rechercher dans la séparation qu’ils opèrent entre l’économique et le social. Et ils montrent qu’il est possible de construire une nouvelle discipline, la « socioéconomie », au carrefour de la sociologie, de l’anthropologie et de l’économie. Déjà très développée aux États-Unis, mais mal connue en France, cette discipline ouvre des voies prometteuses, qu’explorent ici les auteurs, pour lutter efficacement contre les effets dévastateurs du sous-emploi et de la mondialisation.
     Un ouvrage important, qui intéressera aussi bien les praticiens que les chercheurs et enseignants en sciences économiques insatisfaits des théories aujourd’hui dominantes.

AVEC LES CONTRIBUTIONS DE : Gérald Berthoud, Hubert Brochier, Alain Caillé, Pascal Combemale, Chantal Euzéby, François Fourquet, Rauf Gönenç, Mark Granovetter, Bernard Guerrien, Ahmet Insel, Paul Jorion, Robert E. Lane, Jean-Louis Laville, François Nemo, Philippe Rospabé, Richard Swedberg, Hélène Zadjela.


Cheminements politiques
Revue du MAUSS semestrielle n° 2, 2e semestre 1993, 254 p., 115 F,
Version papier : 17,53 euros
Version numérique (e-book au format PDF) : 10 euros

     Les idéologies politiques sont facilement anti-utilitaristes. Ce qui ne les rend pas pour autant recommandables lorsqu’elles prônent ou imposent des dévouements et des sacrifices suspects. On s’interroge ici sur les contours possibles d’un anti-utilitarisme politique qui ne serait pas idéologique. Qui ne prétendrait pas parler au nom de l’au-delà ou du point de vue d’un passé ou d’un avenir radicalement autres. Un anti-utilitarisme qui se bornerait à évaluer les possibilités de paix que recèle la lutte des hommes ici et maintenant.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : Gerald Berthoud, Alain Caillé, Philippe Chanial, Jean-Louis Cherlonneix, Mark S. Cladis, Pascal Combemale, Bernard Cova, Chantal Euzéby, Carlo Gambescia, Jean-Pierre Girard, Aldo Haesler, Ahmet Insel, Robert E. Lane, Serge Latouche, Claude Lefort, Jérôme Maucourant, Chantal Mouffe, Jean-Louis Prat, Henri Raynal, Philippe Rospabé..


Ce que donner veut dire
don et intérêt
Revue du MAUSS semestrielle n° 1, 1er semestre 1993, 274 p., 175 F, 26,68 euros
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Version numérique (e-book au format PDF) : 10 euros

     Comme les hommes de toutes les époques et de toutes les cultures, nous aimons nous croire généreux : c’est, en définitive, de notre capacité à donner que nous tirons notre fierté. Mais nous ne savons pas, ou plus, ce que donner veut dire. Pour le sens commun, les pratiques de don sont des à-côtés de la vie : elles n’ont pas l’importance des choses vraiment sérieuses que sont la famille, le travail ou la santé. Pour les sciences sociales, le don est mensonger : derrière lui se cacherait l’intérêt égoïste. Pour la philosophie et la religion, le don relève de la grâce : c’est un geste pur, éthéré, sans auteur ni récepteur.
     Et pourtant — c’est ce que montre ce livre — le don est bien plus que tout cela, et il joue un rôle fondamental dans le fonctionnement des sociétés, y compris les plus modernes. D’où l’intérêt des contributions réunies ici, qui constituent une synthèse des recherches les plus récentes sur le sujet menées en anthropologie, en philosophie, en sociologie et en économie. Leur fil conducteur : dans les sociétés archaïques, don et contre-don formaient un système social global, tout entier commandé par l’obligation de donner la vie, la mort et les paroles, et dans les sociétés modernes, les pratiques de don et leurs représentations doivent être comprises comme des fragments de ce système originel. Ce détour anthropologique permet de jeter un regard neuf sur la modernité, en explorant sa face cachée, le don.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : Gérald Berthoud, Alain Caillé, Johanne Charbonneau, Laurent Cordonnier, Jacques Dewitte, Jacques T. Godbout, Aldo Haesler, Ahmet Insel, Raymond Jamous, Serge Latouche, Philippe Rospabé, Camille Tarot, Denis Vidal.