La Revue du M.A.U.S.S.
(Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales)

Une théorie sociologique générale est-elle pensable ? De la science sociale (RdM n°24)
De la reconnaissance. Don, identité et estime de soi (RdM n°23)
Qu'est-ce que le religieux ? Religion et politique (RdM n°22)
L'Alter-économie. Quelle « autre mondialisation » (fin) (RdM n°21)
Quelle « autre mondialisation » ? (RdM n° 20)
Y a-t-il des valeurs naturelles ? (RdM n° 19)
Travailler est-il (bien) naturel ? Le travail après la « fin du travail » (RdM n° 18)
Chassez le naturel...Écologisme, naturalisme et constructivisme (RdM n° 17)
L’autre socialisme Entre utilitarisme et totalitarisme (RdM n° 16)
Éthique et économie, l’impossible (re)mariage (RdM n° 15)
Villes bonnes à vivre, villes invivables (RdM n° 14)
Le retour de l’ethnocentrisme, purification ethnique vs. universalisme cannibale (RdM n° 13)
Plus réel que le réel, le symbolisme(RdM n° 12)
Une seule solution, l’association ? Socioéconomie du fait associatif (RdM n° 11)
Guerre et paix entre les sciences. Disciplinarité, inter et transdisciplinarité (RdM n° 10)
Comment peut-on être anticapitaliste ?(RdM n° 9)
L’obligation de donner, la découverte sociologique capitale de Marcel Mauss (RdM n° 8)
Vers un revenu minimum inconditionnel (RdM n° 7)
Qu’est-ce que l’utilitarisme ? Une énigme dans l’histoire des idées (RdM n° 6)
À quoi bon (se) sacrifier ? Sacrifice, don et intérêt (RdM n° 5)
À qui se fier ? Confiance, interaction et théorie des jeux (RdM n° 4)
Pour une autre économie (RdM n° 3)
Cheminements politiques (RdM n° 2)
Ce que donner veut dire (RdM n° 1)

Une théorie sociologique générale est-elle pensable ?
De la science sociale
Revue du MAUSS semestrielle n° 24, 2e semestre 2004, 480 p., 30 euros
Version numérique (PDF) : 480 p., 15 euros Acheter maintenant
ISBN 2-7071-4463-0

    Pour qui « croit » en la sociologie, pour qui est persuadé qu’elle a ouvert la voie à une interrogation sans égale de l’histoire et de la vie en société, il est quelque peu décourageant de constater qu’elle apparaît, chaque jour davantage, éclatée, tiraillée entre de multiples écoles et courants réputés inconciliables. Faut-il donc abandonner définitivement tout projet d’une sociologie générale et d’une unification minimale de l’enseignement de la sociologie ? Et si oui, pourquoi ? Parce que l’idée même d’une généralité théorique serait intrinsèquement fautive ? Pour des raisons historiques, l’époque étant au bricolage postmoderne et à la décomposition de toute société par le marché mondialisé ? Doit-on alors faire son deuil de toute théorie sociologique, à grande ou moyenne portée ? Existe-t-il, au contraire, des possibilités théoriques encore sous-estimées et inexploitées ?
     Comment formuler utilement les réponses à de telles questions ? La meilleure manière était de les poser sans ambages à tout un ensemble de théoriciens parmi les plus reconnus de la discipline. À les lire, on s’aperçoit, avec surprise, que les écarts entre les écoles sociologiques sont peut-être moins insurmontables que prévu. Une certaine unité, dialogique, s’esquisse même, à partir du moment où l’on cesse de penser la sociologie comme une science sociale spécialisée et qu’on (re)commence à la tenir pour ce qu’elle a toujours voulu être, la science sociale, à laquelle contribuent tout autant philosophes, économistes, anthropologues, géographes ou historiens. Une discipline se penche ici sur son passé et sur son avenir. C’est là un moment de réflexivité assez exceptionnel, dont on peut attendre de multiples prolongements et retombées.

Avec, sur ce thème, des articles de : M. Archer, J. Baechler, R. Boudon, A. Caillé, P. Donati, F. Dubet, S. Eisenstadt, J.-P Dupuy, M. Freitag, D. Graeber, H. Joas, S. Kalberg, B. Latour, L. Quéré, A. Rawls, I. Silber, L. Thévenot, A. Touraine, H. White.
Et, en Libre revue : J. Godbout, M. Hénaff, B. Lengaigne, N. Postel, M. Singleton, F. Vandenberghe, S. Vibert..


De la reconnaissance. Don, identité et estime de soi
Revue du MAUSS semestrielle n° 23, 1er semestre 2004, 512 p., 30 euros
Version numérique (PDF) : 675 p., 15 euros Acheter maintenant
ISBN 2-7071-4246-8

    Pendant au moins deux siècles, l’essentiel du conflit dans les sociétés modernes aura porté sur les inégalités économiques. Depuis les deux ou trois dernières décennies, au contraire, il s’organise au premier chef à partir de la question dite de la reconnaissance : qu’il s’agisse du genre, des minorités ethniques, culturelles ou religieuses, de la sexualité, mais aussi des conflits économiques eux-mêmes, tout le monde veut d’abord voir reconnue et respectée son identité, individuelle et/ou collective. Sans cette reconnaissance, qui fournit les bases de la dignité et de l’estime de soi, nous ne saurions vivre. Mais identité, respect et reconnaissance peuvent-ils se produire et se distribuer de la même manière que les biens économiques ? Sont-ils même susceptibles d’être distribués de manière égale ?
     Ces questions sont, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Allemagne, au cœur des débats les plus aigus de la philosophie morale et politique contemporaine – et aussi au cœur des luttes sociales bien concrètes pour la reconnaissance, évidemment. Ce numéro, qui accueille certains des principaux protagonistes du débat, y fournit une solide introduction. Mais, au-delà, sont esquissées ici des reformulations inédites qui proposent, dans le sillage de Hegel, d’Arendt et de Marcel Mauss, de lier étroitement l’interrogation sur la reconnaissance à la question du don agonistique. Le don n’est-il pas en effet le moyen par lequel s’opère la reconnaissance de l’autre, à la fois dans son altérité et dans son identité ? Par lequel on mesure sa valeur ? Et, réciproquement, être reconnu, n’est-ce pas être reconnu comme un donateur généreux, que ce soit de son temps, de son énergie, de ses talents ou de son travail ? Et n’est-ce pas également à ce titre qu’on est susceptible d’être estimé et de s’estimer soi-même ?

Avec, sur ce thème, des articles de : M. R. Anspach, S. Aumercier, G. Berthoud, J.-L. Boilleau, A. Caillé, M. P. di Bella, E. Flahault, N. Fraser, J. T. Godbout, S. Haber, M. Hénaff, A. Honneth, A. Iteanu, J.-P. Lambert, Ch. Lazzeri, L. Maitrier, P. H. Martins, A. Pigliaru, E. Renault, R. Sobel, M. Terestchenko, B. Viard.
Et, en Libre revue : J.-P. Dupuy, S. Latouche, M. Mauss, J. Porcher, J. Roucloux, G. Séraphin, E. Patin.


Qu’est-ce que le religieux ?
Revue du MAUSS semestrielle n° 22, 2e semestre 2003, 448 p., 30 euros
Version numérique (PDF) : 448 p., 15 euros Acheter maintenant
ISBN 2-7071-4186-0

    N’est-il pas tentant de chercher les causes du terrorisme et du fanatisme dans la religion et de faire l’hypothèse que si elle venait à perdre de son importance, alors toutes les sociétés trouveraient enfin la démocratie, la paix et la prospérité ? Cette hypothèse paresseuse n’est pas tenable. N’est-ce pas une lutte toute religieuse du Bien contre le Mal qui inspire la politique internationale de George W. Bush ? Symétriquement, les pires ennemis de la démocratie, les régimes totalitaires communistes ou nazis, n’ont-ils pas été violemment antireligieux ? La réflexion sur le fait religieux et sur ses rapports au politique est donc essentielle pour comprendre les phénomènes contemporains les plus déterminants. Les sciences sociales nous y aident-elles ?
     D’abord soucieux de saisir la société moderne de la manière la plus objective possible, tous les grands sociologues classiques ont abouti à la conclusion qu’à la racine de la société, on trouve le religieux. Mais, après deux siècles de discussion, nous ne savons toujours pas si le concept de sacré est tenable et si l’espoir de définir la religion a encore un sens. Ne suppose-t-il pas la croyance en une essence pérenne et substantielle du religieux, identique à elle-même par-delà ses avatars ? Mais comment fixer une telle essence ? Quel rapport entre les religions primitives et les grandes religions universelles ? Comment expliquer le retour contemporain de la croyance religieuse sur les décombres des religions instituées ? Etc.
     Voilà quelques-unes des questions essentielles, mais toujours irrésolues, auxquelles ce numéro du MAUSS entend s’attaquer en les posant sans ambages à certains des principaux auteurs pertinents en la matière.
     

Avec, sur ce thème, des articles de : Mark Anspach, Hannah Arendt, Maria Pia Di Bella, Alain Caillé, Françoise Champion, Jacques Dewitte, Paul Dumouchel, François Fourquet, Marcel Gauchet, Danièle Hervieu-Léger, Leszek Kolakowski, Jean-Paul Lambert, Philippe de Lara, Patrick Michel, Jules Monnerot, Fabien Robertson, Lucien Scubla, Michaël Singleton, Camille Tarot, Shmuel Trigano, Jean-Paul Willaime.
Et, en Libre revue : Pierre Bitoun, Pierre Dumesnil, Bertrand Liatard, Louis Maîtrier, Sylvain Pasquier, Joël Roucloux, Raphaël Serrail et François Vatin.


L’Alter-économie. Quelle « autre mondialisation » (fin)
Revue du MAUSS semestrielle n° 21, 1er semestre 2003, 432 p., 29,50 euros
ISBN 2-7071-4078-3

    « Un autre monde est possible » affirment les no global, ceux qui ne se disent plus aujourd’hui « anti » mais « altermondialistes ». Mais un autre monde est-il possible sans une autre économie ? Et cette visée d’une alteréconomie est-elle réaliste ? Économie solidaire, économie sociale, économie informelle, microfinance, commerce équitable, etc., tout cela fait-il une alternative économique véritable au capitalisme ? Telle est la question qu’affronte ce numéro de La Revue du MAUSS en mêlant le récit et l’analyse de multiples expériences à une discussion proprement théorique bien nécessaire : au bout du compte, n’est-ce pas la conception reçue de ce qui fait l’économie et la richesse qu’il convient d’interroger, mais en se méfiant des solutions de facilité et des pseudo-alternatives ?
     Au terme de cet examen, une conclusion finalement assez claire se dégage, même si elle peut sembler paradoxale. Toutes ces expériences économiques alternatives sont vitales, passionnantes et nécessaires au plus haut point. Mais elles ne forment pas tant une autre économie qu’une autre manière de se rapporter à l’économie. Ce qui leur donne leur force, c’est l’exigence de justice, de solidarité et de réciprocité dont elles sont porteuses. Paradoxalement, c’est cette subordination de l’économique au social, au politique et à l’éthique qui est pour elles la condition du succès économique. À la condition de l’assumer et de ne pas croire posséder des recettes alteréconomiques magiques.
     

Avec des contributions de : M. Abélès, P. Amouroux, M. Arruda, G. Azam, A. Berthoud, E. Bidet, M. Boulianne, A. Caillé, G. Carvalho, A. S. Fall, X. Fourt, L. Fraisse, L. I. Gaiger, C. Guèye, P. W. Johnson, L. Kossols, J.-P. Lambert, S. Latouche, B. Lautier, J.-L. Laville, G. Massiah, N. Neamtan, H. Ortiz, B. Perret, H. Primavera, R. Ryvkina, A. Sen.
Et en libre revue : P. Batifoulier, S. Dzimira, G. Nicolas, N. Poirier, J. Roucloux, B. Ventelou.


Quelle « autre mondialisation » ?
Revue du MAUSS semestrielle n° 20, 2e semestre 2002, 368 p., 27 euros
Version numérique (PDF) : 368 p., 15 euros Acheter maintenant

     Il y a beaucoup de raisons de s'opposer aux formes actuelles (ultralibérales, dérégulationnistes et antipolitiques) de la mondialisation – la principale étant qu'elles s'accompagnent d'une tendance apparemment irrépressible à transformer toute chose, toute activité et toute relation humaine en marchandise.
     Mais toutes ces raisons ne sont pas nécessairement cohérentes entre elles. Si leur diversité est une richesse, comme on l'a vu à Porto Alegre, leur hétérogénéité constitue un obstacle à la construction d'alternatives plausibles, viables et durables. on doit donc se demander : qu'est-ce qui, dans le discours de contestation de la globalisation, relève de la nostalgie impuissante ou de l'utopisme stérile ? Qu'est-ce qui, au contraire, est susceptible de rallier les suffrages d'une bonne partie de l'humanité et de dessiner de manière effective, et pas seulement dans le rêve ou le ressentiment, les contours d'un autre monde ?
     C'est à ce travail de clarification que ce numéro de La Revue du MAUSS s'attaque en organisant une confrontation entre analystes de bords différents et en interrogeant la société-monde qui naît. Le débat, sans concession, fait apparaître quatre grandes positions : le refus de toute mondialisation, le refus de la mondialisation capitaliste, un réformisme pragmatique et un réformisme qui ne renonce pas aux idéaux.
     La principale leçon qui s'en dégage est que la condition première d'une autre mondialisation plausible tient dans la reformulation d'un idéal démocratique effectivement universalisable et adapté à la nouvelle donne, un idéal de « démocratie durable » en somme. Mais cette reviviscence de l'idéal démocratique n'implique-t-elle pas à son tour une réflexion nouvelle sur le fondement des normes éthiques auxquelles nous croyons devoir tenir ?

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : J. Baechler, A. Caillé, C. Chavagneux, D. Cohen, P. Combemale, F. Fourquet, F. J. Généreux, A. Insel, A. Joxe, Z. Laïdi, P. Lamy, S. Latouche, E. Morin, C. Mouffe, T. Negri, M.-D. Perrot, D. Plihon, P. Zarifian.
ET DES CONTRIBUTIONS HORS DOSSIER DE : N. Alter, A. de Toledo, J. T. Godbout, C. Papilloud, J. Porcher, B. Viard.


Y a-t-il des valeurs naturelles ?
Revue du MAUSS semestrielle n° 19, 1er semestre 2002, 400 p., 193,51 F, 29,50 euros
Version numérique (PDF) : 400 p., 15 euros Acheter maintenant

     La tentation naturelle des sciences sociales, et en particulier de la sociologie, est de postuler que rien n'est naturel, puisque toute institution, toute croyance, toute valeur est le résultat d'une construction historique et sociale. Et, en un sens, cette affirmation est irréfutable. Mais, mal comprise, elle est aussi dangereuse. Devons-nous en déduire que tout se vaut, et donc que rien ne vaut ? Qu'il n'existe aucun critère permettant de fonder nos valeurs et d'arbitrer entre elles ? Que le choix de la démocratie plutôt que du despotisme, de la paix contre la guerre ou de la justice contre l'arbitraire est radicalement indécidable ?
     Voilà le défi de pensée central que les sciences sociales et la philosophie morale et politique doivent relever, pour ne pas sombrer dans l'insignifiance. Les deux précédents numéros de la Revue du MAUSS en avaient examiné certaines des dimensions épistémologiques et socio-économiques. Il faut maintenant aller au cœur du débat et se demander résolument : « Y a-t-il des valeurs naturelles »
       Au fil des réponses proposées ici, on voit s'ébaucher une stratégie de réponse proprement maussienne, mais qui pourrait bien rallier l'ensemble des suffrages. Elle s'articulerait à partir de deux propositions : pour l'homme, la nature c'est la culture ; ce qui institue la culture en tant que telle, c'est le geste du don qui arrache les sujets à la naturalité et à l'instrumentalité pour les ouvrir à l'altérité et à la liberté

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : J. Baechler, R. Boudon, A. Caillé, F. Cantelli, P. Chanial, T. Collette, C. Cooley, J. Dewey, J. Dewitte, M. Dion, F. Fourquet, F. La Cecla, S. Pasquier, A. Rawls, J. Rémy, A. Revillard, L. Scubla, A. Touraine.
ET DES CONTRIBUTIONS HORS DOSSIER DE : M. Gauchet, J.-P. Lacourte, S. Latouche, E. Magnani-Soares Christen, R. Misrahi, A. Poinas, J.-L. Prat, H. Raynal, C. Roy.


Travailler est-il (bien) naturel ?
Le travail après la « fin du travail »
Revue du MAUSS semestrielle n° 18, 2e semestre 2001, 400 p., 193,51 F, 29,50 euros
Version numérique (PDF) : 400 p., 15 euros Acheter maintenant

     On nous annonçait hier la fin du travail. Aujourd'hui, la croissance revenue, on nous dit que le plein-emploi est pour demain. Mais est-il sûr que ce soit toujours du même travail qu'il s'agisse ? Qu'entre celui qu'on voyait s'effriter, le travail statutaire assorti de multiples garanties, et le travail sans qualités, précaire et jetable qui se développe, entre l'emploi au sein des grandes organisations et l'emploi en réseau, il y ait une véritable continuité ?
     Voilà une première série de questions sur lesquelles il importe de faire le point. Mais le véritable problème posé, au-delà de celui qui opposait en sourdine les partisans supposés de la « fin du travail » et leurs pourfendeurs – et qui reste essentiel –, est celui qui porte sur la valeur et la désirabilité du travail et/ou du salariat. Le travail implique la pénibilité, le salariat la subordination. Pourtant, c'est par cette subordination même, par l'accès à la condition salariée, que le plus grand nombre entend se libérer ( y a-t-il, en tout état de cause, d'autre choix ?). Ce qui n'empêche pas de désirer aussi s'en libérer afin de garder le plus de temps possible pour soi.
       Libératrice ? Aliénante ? Manifestement, la relation de travail est lourde d'énigmes multiples dont l'examen impose un détour anthropologique seul à même d'éclairer la question qui sous-tend tous les débats d'actualité : travailler est-il (bien) naturel ? Et le travail qui se développe après la « fin du travail » est-il toujours le travail, tel qu'on le connaissait jusqu'alors ?

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : Y. Benarrosch, A. Berthoud, J-L. Boilleau, A. Caillé, D. Clerc, F. Gollain, A. Gorz, P. d'Iribarne, A. Jacob, M. Lallement, J.-L. Laville, C. Mallet, J. Marejko, D. Méda, P. Rospabé, F. Vatin, P. Veltz, H. Zajdela, R. Zoll.
ET DES CONTRIBUTIONS HORS DOSSIER DE :V. Descombes, M. Guillou, J. Lazar, L. Maîtrier, L. Scubla.


Chassez le naturel…
écologisme, naturalisme et constructivisme
Revue du MAUSS semestrielle n° 17, 1er semestre 2001, 448 p., 195 F, 29,73 euros

     Tchernobyl, Erika, vache folle, clonages divers, effet de serre, pollutions en tous genres, etc. À n’en pas douter, nous vivons dans la « société du risque ». À tel point que l’objectif de sauvegarder ce qu’il subsiste de la Nature semblerait devoir aisément l’emporter sur tout autre. Pourquoi dans ces conditions peine-t-il autant à s’imposer dans les faits ? Parce qu’il se heurte à de multiples intérêts économiques et financiers, assurément. Mais aussi, peut-être, pour une autre raison plus subtile et plus troublante.
     Pour défendre la nature, encore faudrait-il être sûr qu’elle existe et que quelque chose puisse être à coup sûr réputé de l’ordre du naturel. Or une telle hypothèse va à l’encontre de la pente actuellement dominante des sciences sociales : la certitude qui tend à s’imposer partout, c’est en effet que, de l’ensemble des institutions sociales aux réalités même du monde physique, rien n’est vraiment naturel, parce que tout serait « construit ».
       Or quelle nature défendre, et comment, si, de part en part elle se révèle artificielle ? Il n’y a peut-être pas de question théorique, éthique et politique plus centrale. Car faute de la poser avec un minimum de clarté, nous sommes condamnés à osciller indéfiniment entre deux impératifs, évidents s’ils sont pris séparément, et contradictoires quand ils sont énoncés ensemble : tout faire pour sauver la Nature, d’une part, et, de l’autre, déconstruire le naturalismes et l’essentialisme, derrière lesquels s’abritent tous les conservatismes réactionnaires.
     Comment penser aujourd’hui l’idée de nature ? Comment se rapporter au risque ? Comment, en matière de théorie de la connaissance, arbitrer entre les postures réalistes qu’affectionnent les blouses blanches et les thèses constructivistes que cultivent volontiers les sciences sociales en général et la sociologie de la science en particulier ? Peut-on renoncer à un naturalisme et un réalisme naïfs sans pour autant verser dans un relativisme autodestructeur ? Sur ces questions — qui font la trame de ce qu’on peut appeler la querelle du constructivisme —, interviennent avec force et sans concession, dans ce numéro de La Revue du MAUSS, un certain nombre des principaux protagonistes français et étrangers de ce débat théorique et épistémologique redoutable dont les enjeux sont si immédiatement et fortement pratiques.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : U. Beck, A. Caillé, D. Céfaï, P. Chanial, B. Conein, P. Corcuff, P. De Lara, J. Dewitte, P. Hacker, S. Latouche, B. Latour, J.-L. Le Moigne, M. Lynch, A. Masse, D. Pestre, L. Quéré, H. Raynal, R. Redeker, J. Roucloux, J.-P. Siméon, K. Soper, D. Trom, F. Vandenberghe, L. Zerilli.


L’autre socialisme. Entre utilitarisme et totalitarisme
Revue du MAUSS semestrielle n° 16, 2e semestre 2000, 416 p., 175 F, 26,68 euros
Version numérique (PDF) : 416 p., 15 euros Acheter maintenant

     Il y a vingt-cinq ans, le libéralisme économique semblait mort et enterré. Aujourd'hui, ressuscité de ses cendres, il triomphe mondialement, et aucune idéologie ne semble plus en mesure de le contrer. Le marxisme a du mal à se remettre de sa liaison coupable avec le totalitarisme communiste et de l’autodestruction des « socialismes réels ». Du coup, la référence au socialisme apparaît désuète. Comme si, privées du repoussoir communiste, les idéologies social-démocrates — ces socialismes atténués et euphémisés —, si nécessaires qu’elles aient été pour civiliser le capitalisme d’après-guerre, apparaissaient subitement fades et sans saveur. Si l’essentiel est uniquement l’accroissement du niveau de vie, ne vaut-il pas mieux laisser faire le marché ?
     Pourtant, à réexaminer, de Saint-Simon à Jaurès, la tradition du socialisme français — trop vite qualifié d’utopique par le marxisme —, on s’aperçoit qu'il était et reste porteur d’autres possibles. Certes, elle n’a pas su clarifier suffisamment ses rapports à l’utilitarisme benthamien, à la « dogmatique de l’égoïsme » — cette matrice commune au socialisme et au libéralisme —, et au sacrificialisme altruiste qui allait accoucher de la composante totalitaire du communisme.
     Mais, à mi-chemin de ces deux écueils, cette relecture révèle une pensée audacieuse de la solidarité par association, l’attente d'un socialisme « associationniste » qui ne succomberait ni à la dissolution libérale dans les intérêts individuels, ni à la fusion totalitaire des intérêts dans une communauté fantasmatique. À l’heure où la tâche qui nous attend est de contribuer à l’émergence et à la consolidation d’une société civile associationniste, cette tradition est sans doute la source d'inspiration la plus précieuse qui nous reste.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : P. Bitoun, A. Caillé, D. Céfaï, P. Chanial, G. Delfau, M. Dion, B. Eme, R. Frégosi, C. Gaillard, L. Gardin, M. Herland, D. Howard, J. Jaurès, S. Kalberg, J.-L. Laville, J.-P Le Goff, P. Leroux, B. Maton, J.–F Marchat, J-C. Michéa, B. Perret, B. Théret, Y Vaillancourt, B. Viard, J. Viard.