La Revue du M.A.U.S.S.
(Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales)

 La Bibliothèque du M.A.U.S.S. (3/5) :
GODBOUT Jacques T., 2000, Le Don, la dette et l'identité, Homo donator vs. Homo œconomicus.
GUÉRIN Isabelle, 2003, Femmes et économie solidaire
KALBERG Stephen, 2002, La sociologie historique comparative de Max Weber
LACLAU Ernesto, 2000, La Guerre des identités. Grammaire de l’émancipation.
LATOUCHE Serge, 1996, La Mégamachine. Raison technoscientifique, raison économique et mythe du progrès.
LAVAL Christian, 2002, L'Ambition sociologique • Saint-Simon • Comte • Tocqueville • Marx • Durkheim • Weber
LAVILLE Jean-Louis, NYSSENS Marthe (dir.), 2001, Les services sociaux entre associations, État et marché (l'aide aux personnes âgées)
 

Le don, la dette et l’identité
Homo donator vs. Homo œconomicus
Jacques T. GODBOUT, 192 p., 125 F, 28,20 euros
Version numérique (PDF) : 10 euros
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ISBN 2-7071-3352-3

     Dans L’Esprit du don, Jacques T. Godbout montrait que le don occupe encore une place de première importance dans nos sociétés, à côté du marché et de l’État. Dans ce nouvel ouvrage, il généralise son propos : le don est ce mode de circulation des biens et services propre aux réseaux et où n’intervient pas la séparation entre un public et des professionnels. Dans la famille ou dans la société, le monde des réseaux fonctionne au don et à la dette, et non pas à l’équivalence (comme dans le marché) ou à l’égalité (comme dans l’État). Quand les réseaux fonctionnent bien, cette dette est positive : elle n’engendre pas angoisse et aliénation, mais confiance et désir de loyauté. Le don apparaît ainsi indissociable du sens : c’est l’intention qui compte et c’est le sens qui fait le don. Enfin, c’est à travers la relation de dette (positive ou négative), de don et de contre-don, que se forment ou se déforment les identités.
     Nourri par de nombreuses recherches empiriques, ce livre propose ainsi un véritable paradigme alternatif à celui de la science économique et de la sociologie utilitariste. Au lieu de postuler que nous serions tous des homo œconomicus, qui ne songent qu’à prendre et à garder, il risque l’hypothèse inverse : ne serions-nous pas plutôt du genre homo donator, davantage motivés en fait à donner qu’à recevoir ?
     Sans aucune pose théoriciste, modestement et avec rigueur, Le don, la dette et l’identité prend à contre-pied un grand nombre d’idées reçues dans les sciences sociales.

Jacques T. GODBOUT, professeur-chercheur à l’Institut national de la recherche scientifique (Université du Québec), est l’auteur de La participation contre la démocratie (Saint-Martin), La démocratie des usagers (Boréal) et, en collaboration avec Alain Caillé, de L’Esprit du don (La Découverte/Boréal). Considéré comme un des meilleurs spécialistes mondiaux de la sociologie du don, J. T. Godbout est membre du comité de rédaction de La Revue du MAUSS.


Femmes et économie solidaire
par Isabelle GUÉRIN,240 p., 23 euros
ISBN 2-7071-3941-6

    Au Nord comme au Sud, la pauvreté se féminise et les inégalités entre les sexes persistent. D'où la nécessité de trouver et d'expérimenter de nouvelles formes de solidarité. De plus en plus, à l'échelle mondiale, face aux carences de l'État et du marché, le recours à l'« économie solidaire » apparaît comme la solution qui s'impose pour « réencastrer » l'économique dans le social et dans le politique. Mais cette formulation reste trop abstraite et insensible à la différence des genres. En fait, non seulement les femmes sont souvent les premières actrices des pratiques d'économie solidaire – et il faut se demander pourquoi et comment –, mais celles-ci offrent une opportunité inédite pour lutter contre les inégalités de sexe. Ceci explique-t-il cela ?
     Procédant à une précieuse synthèse des débats sur la question du genre et des inégalités entre les sexes, tirant les leçons de multiples expériences menées dans le monde et s'appuyant plus particulièrement sur des enquêtes approfondies conduites en France et au Sénégal, cet ouvrage analyse les vastes potentialités offertes par les nouvelles formes de l'entrepreneuriat collectif. D'une écriture limpide, il intéressera un large public : acteurs de terrain, étudiants, chercheurs et citoyens concernés par la question de la justice et, plus particulièrement, les militant(e)s du monde associatif qui s'interrogent sur la spécificité du rôle des femmes
     
ISABELLE GUÉRIN, docteur en économie, est chargée de rec herches à l'Institut de recherche pour le développement (IRD). Outre ses travaux sur les inégalités entre sexes, elle est spécialiste de l'exclusion bancaire et financière et codirige le rapport annuel Exclusion et liens financiers publié par le centre Walras (université Lumière Lyon-2).


La sociologie historique comparative de Max Weber
par Stephen KALBERG, préface d'Alain Caillé, 288 p., 163,99 F, 25 euros
ISBN 2-7071-3401-5

     Max Weber, le plus fameux de tous les sociologues, est aussi le plus mal connu. Et pas seulement en France, où la dispersion des traductions rend difficile la saisie d'ensemble de son œuvre. En fait, là comme ailleurs, on croit connaître assez bien le Weber philosophe social, relativiste et pessimiste, le prophète de malheur qui assimile la modernité à une « cage de fer ». Mais on a encore qu'une bien faible idée de la puissance proprement sociologique et historique de ses études qui, sur la base d'une conceptualisation d'une ampleur sans équivalent, embrassent toutes les grandes religions sous l'angle des rapports étonnamment complexes qu'elles entretiennent avec l'économie, le pouvoir et la vie pratique.
     C'est cette sociologie historique, systématique et rigoureuse, que Stephen Kalberg reconstitue pas à pas avec clarté et précision, en la comparant avec les sociologies historiques contemporaines des Bendix, Tilly, Skocpol, Wallerstein, etc. Et très vite, il nous convainc de la supériorité méthodologique de la démarche de Weber. À le lire, la conclusion s'impose d'elle-même : la sociologie historique est wébérienne ou elle n'est pas.
          
STEPHEN KALBERG, professeur de sociologie historique à l'université de Boston, est considéré aux États-Unis et en Allemagne comme l'un des meilleurs connaisseurs de l'œuvre de Max Weber. Il est l'auteur de la dernière traduction commentée parue aux États-Unis de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme.


La Guerre des identités
Grammaire de l'émancipation
Ernesto LACLAU,
144 p., 17,53 euros
Version numérique (PDF) : 10 euros
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ISBN 2-7071-3173-3

     Depuis deux siècles au moins, l’objectif premier de la lutte politique avait été celui de la libération : peuples, classes ou individus, tous les sujets de l’action politique n’aspiraient qu’à s’émanciper. Cette visée de la libération affirmait en même temps le principe de l’égalité de tous les êtres humains, dessinant ainsi la figure de l’universalisme : dans les « jeux de langage » de la politique moderne, l’égalité l’emportait sur les différences. Or, miné par ses contradictions internes, ce discours de l’émancipation se décompose aujourd’hui : la guerre des identités — de genre, d’origine ou de culture — prend le pas sur la lutte pour l’égalité. Que ce soit aux États-Unis, avec le débat sur le multiculturalisme, en Suisse ou en Autriche où progressent les discours xénophobes, ou dans nombre de pays musulmans, partout c’est la revendication de l’identité culturelle qui s’affirme et prend le pas sur l’idéal d’égalité.
     Pour comprendre ce qui se joue désormais à l’échelle planétaire, pour définir de nouveaux objectifs politiques prenant le relais de la tradition de la gauche, c’est l’ensemble des catégories centrales du discours politique hérité — la libération, l’universalisme, le particularisme, le pouvoir, l’idéologie, etc. — qu’il importe de soumettre à un examen critique. C’est ce à quoi s’emploie, avec une rare rigueur, cet ouvrage, qui rassemble les éléments d’une théorie générale du politique organisée à partir du concept central d’hégémonie.

   D’origine argentine, professeur émérite à l’université d’Essex, Ernesto LACLAU est considéré en Amérique latine et aux États-Unis comme un des principaux théoriciens du politique. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont, avec Chantal Mouffe, Hegemony and Socialist Strategy, un classique des départements de philosophie et de sciences politiques dans le monde universitaire anglo-saxon.
   Traduit de l’anglais par Claude Orsoni.


La Mégamachine
Raison technoscientifique, raison économique et mythe du progrès
Serge LATOUCHE
, 204 p., 20 euros (nouvelle édition actualisée
)
ISBN 2-7071-4444-4

     « La plus extraordinaire machine jamais inventée et construite par l’homme n’est autre que l’organisation sociale. Sous l’égide de la main invisible, techniques sociales et politiques d’une part - de la persuasion clandestine publicitaire au viol des foules par la propagande, démultipliées par les autoroutes de l’information -, techniques économiques et productives d’autre part - du fordisme au toyotisme, de la robotique à la biotechnologie - s’échangent, fusionnent, s’interpénètrent.
     « Elles s’articulent désormais en un gigantesque réseau mondial mis en œuvre par des firmes et des entités transnationales qui soumettent États, partis, sectes, syndicats, ONG, etc. L’emprise de la rationalité technoscientifique et économique donne à l’ensemble une ampleur inédite et en fait une " Mégamachine " jamais vue dans l’histoire des hommes. Sur le thème de l’unité et de la diversité de la Mégamachine planétaire, ce livre rassemble des essais qui s’inscrivent dans le cadre du grand débat contemporain sur le statut de la technique. »
     Ainsi se présentait, il y a dix ans, cet ouvrage devenu introuvable et que beaucoup tiennent pour prophétique. C’est à lui que renvoient nombre des débats qui font rage aujourd’hui dans le monde entier autour du thème de la « décroissance » : si le progrès et la croissance sont insoutenables et mortifères, n’est-il pas grand temps d’amorcer une « décroissance conviviale » ? Dernière chance avant l’apocalypse ?

« Lorsque nous serons morts, […] il sera trop tard pour lire Serge Latouche. Ce serait dommage ! Un essai dont on sort plus intelligent qu’en entrant. Il faut lire ce livre. » Charlie -Hebdo

Serge LATOUCHE, un des animateurs de La Revue du M.A.U.S.S., président de l’association La ligne d’horizon, économiste et philosophe, professeur émérite à l’université de Paris-XI (Sceaux), est le défenseur actuel le plus connu de la perspective de la « décroissance conviviale ». Parmi ses nombreux ouvrages : L’Occidentalisation du monde (La Découverte, 1989), La Planète des naufragés (La Découverte, 1991), L’Autre Afrique, entre don et marché (Albin Michel, 1998), Justice sans limites (Fayard, 2003).


L’Ambition sociologique • Saint-Simon • Comte • Tocqueville • Marx • Durkheim • Weber
par Christian LAVAL, postface d'Alain Caillé, 508 p., 223,03 F, 34 euros
ISBN 2-7071-3850-9

     Il ne manque pas de manuels d'histoire de la pensée sociologique. Mais rares sont les ouvrages qui, comme ceux de Talcott Parsons (The Structure of Social Action) ou Robert Nisbet (La Tradition sociologique) par exemple, se hasardent à proposer une interprétation et une discussion systématiques du contenu de pensée central de la sociologie, qui se demandent ce que, considérée dans son ensemble, elle a voulu dire et pourquoi a émergé au XIXe siècle un type de discours sur le lien social irréductible à celui de la philosophie ou de l'économie politiques.
     La grande force du livre de Christian Laval est de montrer que tous les sociologues classiques ont en commun d'avoir voulu répondre au défi de l'économie politique, en laquelle la plupart voyaient l'incarnation par excellence de l'esprit scientifique appliqué à l'étude de l'histoire et de la société, et d'y avoir fortement objecté en historicisant les catégories que les économistes ont tendance à naturaliser. En définitive, c'est sur la représentation économique de la société capitaliste, prise comme allant de soi par les économistes, qu'ils ont fait porter le soupçon en mettant en cause les fondements utilitaristes de l'économisme.
     À l'heure où la société-monde qui s'ébauche semble vouloir se réduire à un gigantesque marché, rien n'est sans doute plus urgent que de renouer avec l'esprit de la sociologie classique. Le présent livre y aidera puissamment en offrant au lecteur une introduction lumineuse aux grands auteurs de la sociologie classique.
     
CHRISTIAN LAVAL, docteur en sociologie, membre du GÉODE (Groupe d'étude et d'observation de la démocratie, Paris-X-Nanterre/CNRS), est l'auteur de Bentham, le pouvoir des fictions (PUF, 1994) et de la traduction de la présentation (avec J-P. Cléro) de l'ouvrage de Jeremy Bentham De l'ontologie et autres textes sur les fictions (Seuil, « Points », 1997).


Les services sociaux entre associations, État et marché
L'aide aux personnes âgéees
sous la direction de Jean-Louis Laville et Marthe Nyssens, 288 p., 150,87 F, 23 euros

     Comment s'occuper des personnes âgées ? Et qui doit le faire ? À quel titre ? Les responsables publics et privés attendent de l'essor des serv ices de proximité l'émergence de nouvelles activités et la création d'emplois. Mais ces services (dont ceux aux personnes âgées constituent un exemple emblématique) soulèvent des problèmes inédits, concernant des champs très divers : politique de l'emploi, rapports entre les générations et entre les sexes, configuration des politiques publiques dans l'articulation entre État et société
Les services aux personnes âgées constituent un défi tant par leur fort contenu relationnel que par l'intrication qu'ils impliquent du privé, du public et de l'associatif. Le patrimoine de savoir-faire accumulé par les associations peut-il être mobilisé dans la construction de services individualisés tout en favorisant une culture du vivre-ensemble ?.
     L'objectif de cet ouvrage est d'aborder ces questions à partir de données issues d'une comparaison internationale, présentant pour la première fois l'évolution des trente dernières années dans neuf pays. Le champ des services de proximité est envisagé comme le résultat d'une construction sociale issue des interactions entre pouvoirs publics et initiatives d'acteurs sociaux diversifiés (militants asociatifs, travailleurs sociaux, usagers, entrepreneurs). De cet examen, qui allie observations empiriques et analyses théoriques, résulte toute une série de recommandations pour l'action.

   Cet ouvrage est coordonné par Jean-Louis Laville, sociologue, chercheur au CNRS (LSCI, Paris) et Marthe Nyssens, professeur d'économie à l'Université catholique de Louvain
Y ont collaboré : R. Chaves,B. Enjolras, L. Fraisse, L. Gardin, J. Gautrat, B. Gilain, M.F. Gounouf, C. Jetté, J. Kendall, T. Klie, M. La Rosa, P. U. Lehener, A. Sajardo-Moreno, Y. Vaillancourt.